100 ans après la mort de Lénine, reconstituer le communisme!

[Publication originale en castillan: A 100 años de la muerte de Lenin, ¡reconstituir el comunismo!, Comité pour la Reconstitution, 2024]



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«Il n’y a plus de place pour les illusions de paix», «la guerre n’est pas impossible», alerte déjà sans vergogne Ursula von der Leyen, représentant les dirigeants de la bourgeoisie occidentale. Les jours bucoliques où le jardin européen pouvait se permettre le luxe hypocrite du pacifisme, pour lequel les guerres sont toujours quelque chose de lointain, propre au monde non civilisé, sont désormais derrière nous. «Réarmement, réarmement!», chantent à l’unisson les porte-parole de toutes les couleurs politiques de la bourgeoisie impérialiste. Le triomphalisme de l’ordre libéral international après la défaite de l’ennemi historique communiste s’est complètement dissipé, et lui a montré que son hégémonie peut seulement être maintenue comme elle a été gagnée: par une Guerre Totale, sur des millions de cadavres. «La Démocratie a besoin de toi!» sera bientôt lu sur tous les panneaux publicitaires de toutes les capitales européennes. Le prolétariat offrira de nouveau, comme toujours, sa force de travail pour s’immoler sur l’autel des intérêts du capital. La situation pourrait sembler identique à celle des années qui ont précédé 1914, lorsqu’a éclaté le premier grand carnage pour la répartition du monde entre les rapaces impérialistes; il y a, cependant, un grand oublié. Où est ce prolétariat indépendant qui pouvait présenter une alternative ―la seule possible― à l’avenir noir qui attendait les exploités dans les tranchées impérialistes? Ou plutôt, où sont les communistes pour rendre de nouveau pensable cette possibilité?

Il y a tout juste un siècle nous quittait le révolutionnaire qui a consacré sa vie à ouvrir la voie alternative réelle qui existait pour les opprimés en démontrant qu’on pouvait opposer la guerre civile révolutionnaire à la guerre impérialiste. Aujourd’hui, au milieu de cette époque de défaite historique du communisme, qui l’empêche de représenter une quelconque sortie immédiate de la barbarie capitaliste, la meilleure façon de rendre hommage à Lénine est de reprendre sa suggestion: «Le meilleur moyen de célébrer l’anniversaire de notre grande révolution, c’est de concentrer l’attention sur les tâches qui ne sont pas encore accomplies». Si nous sommes communistes, remémorer Lénine ne peut être séparé de la récupération de son esprit révolutionnaire, ni de nous interroger sur la méthode pour préparer aujourd’hui la révolution prolétarienne dans l’État espagnol comme base de soutien pour la réactivation de la Révolution Prolétarienne Mondiale. Et aujourd’hui, cette préparation passe indéfectiblement par la récupération, tout d’abord, de la position indépendante du prolétariat révolutionnaire face à la guerre impérialiste: l’internationalisme prolétarien appliqué comme défaitisme révolutionnaire.

À la guerre entre deux blocs impérialistes qui rugit depuis plus de deux ans en Ukraine, utilisée par «notre» classe dominante pour le disciplinement social et le resserrement des rangs autour de son programme impérialiste, et en essayant d’infliger à l’impérialisme russe une humiliante défaite qui fait vaciller ses réserves d’avoir recours à la riposte nucléaire, s’ajoute un nouveau front pour le bloc euro-atlantique au Moyen-Orient. Le peuple palestinien a donné un nouvel exemple de sa force héroïque, en menant une véritable guerre de résistance nationale contre l’État sioniste, garant irremplaçable des intérêts de l’impérialisme occidental dans la région. Pourtant, sa lutte ne manque pas d’être dirigée par la petite-bourgeoisie radicale qui, de par sa méfiance à l’égard de la guerre de masses, condamne la plupart des Palestiniens à être seulement des êtres souffrants ―la seule façon dont ils sont acceptables pour la bourgeoisie occidentale, y compris le révisionnisme et le nationalisme de toutes sortes― du génocide télévisé, qui se poursuit avec la collaboration active de l’Occident et contre lequel ne servent à rien les déclarations timorées et les exigences pacifistes du révisionnisme. Car le mouvement communiste reste obstiné dans la croyance que les luttes de résistance sont le germe de la révolution, comme si la crise mondiale qui continue de s’aggraver autour de lui ne donnait pas suffisamment de preuves de l’impuissance de ses invariables mantras et clichés. Quel que soit son nouvel déguisement de verbiage ouvrier, le réformisme reste réformisme. Pendant ce temps, le social-chauvinisme démuselé continue de conquérir le vide laissé dans le mouvement ouvrier par la stérilité de formes plus politiquement correctes de révisionnisme. En effet, les cris contre l’immigration d’aujourd’hui ne tarderont pas à devenir des appels à la défense de la patrie dans la guerre impérialiste, en faveur de la «propre» bourgeoisie et contre tout acteur qui osera s’y opposer. Les uns et les autres défendent, à leur manière, le programme impérialiste de la bourgeoisie. Lénine nous a déjà montré, en effet, que l’opportunisme et le social-chauvinisme ont le même «contenu politique», les deux faces de la même monnaie putride de l’impérialisme. Et, surtout, que le social-chauvinisme est la forme la plus mature de l’opportunisme, «sa continuation directe et son aboutissement».

Dans ce contexte, les communistes devons brandir l’esprit de la défaite de «notre» propre gouvernement, de «notre» propre bloc impérialiste. C’est seulement ainsi que nous pouvons lier l’opposition frontale au massacre impérialiste à l’horizon émancipateur de la révolution prolétarienne comme premier pas pour récupérer la possibilité de celle-ci. Cela, irréalisable immédiatement, exige de remplir d’abord les conditions permettant au marxisme d’être à nouveau une théorie d’avant-garde, en disputant la référence du révisionnisme au sein des secteurs les plus avancés de la classe. Complétée cette phase de reconstitution idéologique, nous pourrons avancer vers la conquête du secteur de notre classe se distinguant dans les luttes, c’est-à-dire vers la fusion entre le socialisme scientifique et le mouvement ouvrier qu’est le Parti Communiste, autrement dit vers la reconstitution politique du communisme. C’est à ce moment, comme Lénine et les bolchéviks l’ont fait au milieu de la Grande Guerre, que le prolétariat pourra retourner les armes contre «ses» gouvernements, déclenchant la Guerre Populaire contre la guerre impérialiste, et initiant le deuxième cycle de la Révolution Prolétarienne Mondiale.


Non à la guerre impérialiste! À bas l’OTAN et l’État espagnol!
Pour la reconstitution idéologique et politique du communisme!


Comité pour la Reconstitution
Premier Mai 2024


Dernière mise à jour: 06/2024